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Le casse-tête du CH prend forme

Il vient féliciter son coéquipier.

Jake Evans (à gauche) a préparé deux buts, dont celui de Paul Byron en infériorité numérique au deuxième vingt.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

OTTAWA – D’une simple phrase, Phillip Danault a adoubé son nouvel entraîneur. Il a aussi souffleté l’ancien, probablement sans le vouloir, mais regardons plutôt le bon côté des choses cette fois.

Une culture, c’est tellement dur et long à changer. Ça prend du travail. C’est pas toujours le fun. On travaille là-dessus beaucoup. L’arrivée de Dom [Ducharme] est venue peaufiner vraiment les petits détails qui nous manquaient, a laissé tomber le Québécois après la victoire de 4-1 du CH aux dépens des Sénateurs.

Une victoire aussi propre et aussi dénuée de rebondissements que ne le sont les trottoirs de la capitale canadienne par les temps qui courent. Justement le genre de prestation, entière, très nette, qu’affectionnent autant les entraîneurs que les joueurs.

Un peu à l’image de celle de mardi contre les Oilers d’ailleurs, quoique ceux-ci manquaient furieusement d’imagination et d’énergie ce soir-là.

Pour la première fois depuis le début du règne de Ducharme le 24 février dernier, l’équipe a affiché une constance autant dans l’effort que dans l’exécution pour un troisième match d’affilée, trois victoires de suite d’ailleurs.

Ducharme prône un jeu simple, sans fioritures, ont expliqué les joueurs. Cinq patineurs toujours regroupés sur la glace pour s’offrir en option de courte passe plutôt qu’en tentative audacieuse de 50 pieds.

Par moments ces dernières semaines, des bribes de l’efficacité de son système sont apparues çà et là, mais les mauvais plis, et parfois le manque d’engagement, revenaient au galop. Le Canadien n’avait d’ailleurs jamais remporté deux matchs consécutifs sous son égide, la dernière séquence du genre, avant l’actuelle, remontant aux 1er et 2 février.

Ç’a pris un peu de patience de sa part aussi, a admis Jake Allen qui a signé sa première victoire depuis le 6 février.

Il sait que ça va nous prendre du temps. Il y a beaucoup de nouveaux joueurs qui ont joué toutes sortes de systèmes. Celui qu’on joue en ce moment, je suis sûr que la plupart des gars l’ont déjà joué. C’est assez simple. Il faut comprendre que ce qu’on fait fonctionne. Que ce qu’il prêche fonctionne. Il fait un bon travail pour expliquer pourquoi ça marche, l’a, à son tour, encensé le gardien.

Allen, visiblement impressionné par ses coéquipiers jeudi soir, a même poussé un peu plus loin les compliments. Le portier de Fredericton a rappelé avoir joué au sein de quelques bonnes équipes avant.

Tu regardes les derniers matchs et surtout ce soir et ç’avait l’air de ça. La façon dont on se soutenait, la patience. On rejetait la rondelle en fond de territoire, on ne forçait pas des jeux. Ce n’est pas tout de lancer au filet, mais il faut être patient. Ça prendra du temps. Le système que Dom met en place, j’ai vu ça avant, ça prend du temps, mais ça tombe en place, a-t-il ajouté.

Un avis partagé par l’entraîneur.

Le niveau d’engagement, ce n’est pas seulement dans l’effort, mais dans ce qu’on fait dans l’équipe. C’est primordial. Il y a des choses qu’on demande à nos joueurs, peu importe l’âge ou la position, qui ne sont pas négociables. On a un bon groupe, on l’avait dit.

Une citation de Dominique Ducharme

Doit-on souligner que tout cela tombe en place, justement, à point nommé?

Au moment où, frappé par la COVID, le Canadien aurait certainement pu perdre ses repères après une semaine complète sans patiner.

Au moment où l’horaire de l’équipe s’annonce aussi chargé que celui d’un étudiant en sciences pures attaquant sa dernière semaine d’études avant ses examens finaux après avoir passé la majorité de la session à parfaire sa technique au billard plutôt que ses compétences en mathématiques.

Au moment où son meilleur marqueur et un défenseur avalant plus de 21 minutes de glace par match sont sur la touche.

L’an dernier, il aura suffi de blessures à Jonathan Drouin et à Paul Byron le même soir à Washington pour faire dérailler la saison du Tricolore qui connaissait pourtant un fort joli départ.

La différence est là.

Du renfort à l’interne

Wow, s’est exclamé Paul Byron après avoir mis la touche finale à une passe de Jake Evans qu’un écrivain issu du romantisme du 19e siècle n’aurait pas dédaigné qualifier. Mais wow a très bien fait l’affaire.

Il y avait belle lurette qu’un jeu d’Evans n’avait pas ainsi fait écarquiller les yeux.

Le numéro 71 revendiquait 3 passes à ses 27 derniers matchs et son jeu d’ensemble s’étiolait de plus en plus. Son temps de jeu aussi, lui qui n’avait pas atteint les 10 minutes d’utilisation lors des 3 matchs précédant la pause forcée.

Entre-temps, le jeune homme a pu se reposer et il a vu le CH faire l’acquisition d’un joueur de centre d’expérience : Eric Staal. Pour la première fois cette année, son poste s’est retrouvé en jeu. Il le perdra peut-être d’ailleurs. Par bouts, à tout le moins, il va de soi qu’il sautera son tour quand l’aîné de la famille Staal aura terminé sa quarantaine.

Evans jouera peut-être à l’aile aussi, a affirmé Ducharme. Mais il a surtout bien réagi à cette compétition interne. Tout comme Byron et Artturi Lehkonen eux aussi sérieusement menacés par l’arrivée de l’ancienne gloire des Hurricanes et par celle, possible, qui sait, de Cole Caufield qui vient de parapher son premier contrat professionnel.

Diantre, les deux ailiers l’étaient déjà, menacés, avant leur arrivée. Les joueurs de hockey sont habitués à cette rivalité, au besoin de faire ses preuves soir après soir, d’autant plus pour des joueurs de soutien comme le sont ces trois-là. N’empêche, cette compétition peut parfois s’avérer malsaine si elle devient mesquine.

Une bonne culture, une belle ambiance, semble contribuer à placer tout le monde dans de bonnes dispositions. Dans cette saison aux contacts virtuels, il faut s’en tenir strictement à ce qu’en disent les joueurs, les observations dans les coulisses sont inexistantes ou presque.

Danault a l’air particulièrement sincère lorsqu’il affirme que tout le monde peut faire la job et que c’est le temps d’ouvrir la machine.

Cette ambiance, ce bon groupe, comme l’appelle Ducharme, impossible de ne pas l’attribuer en partie aux meneurs du club.

Encore une fois, Jake Allen.

Cette année en plus, c’est super difficile. On ne se voit pas à l’extérieur. C’est vraiment bien la camaraderie qu’on a développée en se voyant seulement à l’aréna et sur la route avec des contacts limités. Surtout avec tous les nouveaux dans l’équipe. Normalement, on irait prendre une bière sur la route, c’est comme ça que tu apprends à connaître les gens. Notre groupe de meneurs fait vraiment un bon travail pour nous permettre d’apprendre à se connaître.

Camaraderie, profondeur, dévouement, foi en l’entraîneur. Il semblerait que le Canadien ait retrouvé sa voie.

En rafale

Le but de Byron était le 8e de l’équipe en désavantage numérique cette saison, un sommet dans la ligue. C’était aussi le premier depuis le 4 février dernier contre ces mêmes Sénateurs. Ces 8 buts en infériorité égalent la deuxième performance de l’équipe en saison depuis que cette statistique est compilée (2009-2010). Le record du CH est de 10 en un an, mais en 82 rencontres.

Phillip Danault a réussi un 4e match de deux points à ses 5 derniers. Il présente également un différentiel de +10 pendant cette séquence et son trio avec Brendan Gallagher et Tomas Tatar a retrouvé son efficacité d’antan. Les angoisses de début de saison semblent derrière lui.

Le CH n’a pas accordé de but en 142 min 18 s. Une séquence qui s’était amorcée après le but de Tyler Motte le 19 mars et qui s’est conclue avec celui de Connor Brown jeudi soir.

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