/news/politics

Mourir pour le Donbass ?

Les relations internationales sont rarement traitées à l’Assemblée nationale.

N’étant pas un État souverain, le Québec n’a pas grand-chose à dire sur ces questions, me répondrez-vous.

Quand même: certains députés aspirent (encore) à ce qu’il devienne un pays, d’une part.

D’autre part, le Québec, comme État fédéré, est souverain dans certaines sphères (santé, éducation).

En cherchant à réactualiser la doctrine Gérin-Lajoie, Jean Charest, en 2004, avait eu cette formule heureuse qui devrait rester: «Ce qui est de compétence québécoise chez nous est de compétence québécoise partout.»

Voilà pourquoi le Québec a un ministère des Relations internationales, des représentations à l’étranger; participe en son nom propre à l’Organisation internationale de la Francophonie. Et s’est affirmé comme acteur international sur d’autres questions, comme la lutte aux changements climatiques et la diversité culturelle.

Guerre et paix 

Évidemment, sur la guerre et la paix, le Québec s’en remet à Ottawa.

Mais les Québécois, eux, comme sujets du Dominion, ont leur mot à dire. Et ils l’ont fait de manière marquante à plusieurs reprises au XXe siècle, notamment lors de la guerre de Boers, et lors des première et deuxième guerres mondiales.

Notre statut d’État non souverain a toutefois souvent eu pour conséquence une auto-exclusion de l’histoire contemporaine. Réfléchir à nos intérêts propres comme nation dans le monde n’est pas un réflexe très aiguisé chez nous.

Motion 

Aussi, j’ai accueilli avec grand intérêt, hier, le dépôt d’une motion sur le conflit en Ukraine par Andrés Fontecilla de Québec solidaire. Elle fut adoptée à l’unanimité.

Évidemment, comme bien des motions relevant de l’international au salon bleu, on est dans la tarte aux pommes.

L’Assemblée nationale «s’inquiète» de l’intensification du conflit armé. Elle «affirme sa solidarité avec le peuple ukrainien» et ses diasporas, notamment à Montréal (les Québécois d’origine ukrainienne sont quelque 40 000). Elle soutient les droits de ce peuple «de vivre dans un pays en paix, prospère et souverain». Et souhaite «une résolution pacifique basée sur la négociation et le respect du droit international».

Certains propos de nos parlementaires, par la suite, m’ont étonné. Principalement ceux d’Andrès Fontecilla de QS.

Avec raison, la ministre Nadine Girault a condamné «avec force» les «violations du droit international» perpétrées. La porte-parole libérale Paule Robitaille, dans un discours improvisé où elle a évoqué avec émotion ses propres souvenirs de reporter en ex-Union soviétique, n’a pas hésité à qualifier Vladimir Poutine de «paranoïaque, carrément».

M. Fontecilla, lui, a étrangement semblé vouloir épargner la Russie poutinienne, se rabattant sur une position strictement pacifiste. «Le Canada ne doit pas aller jouer à la guerre.» Le Canada et le Québec doivent être «un acteur de la paix et non pas jeter de l’huile sur le feu», a-t-il déclaré.

Nous observons actuellement l’énorme «démocrature» russe envahir et occuper un pays souverain. Geste soutenu par la dictature chinoise géante, qui a aussi des visées expansionnistes sur Hong Kong et Taiwan.

Je veux bien qu’on prône la paix. Je sais bien que personne parmi nous ne rêve de mourir pour le Donbass. (Comme on refusa jadis de crever pour Dantzig. Peut-être aurait-il fallu?)

Mais n’y a-t-il pas des heures dans l’histoire où il faut savoir identifier les agresseurs? Et choisir son camp?

Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.