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Jean Chrétien n’avait « jamais » entendu parler des abus dans les pensionnats

Jean Chrétien à Tout le monde en parle.

L'ancien premier ministre Jean Chrétien était à Tout le monde en parle pour discuter de son dernier livre autobiographique : Mes nouvelles histoires.

Photo : Radio-Canada / Karine Dufour

L'ancien premier ministre libéral Jean Chrétien a affirmé sur le plateau de Tout le monde en parle qu’il n’avait « jamais » entendu parler des abus dans les pensionnats pour Autochtones pendant qu’il était ministre des Affaires indiennes, de 1968 à 1974.

On n’a jamais mentionné ce problème-là quand j’étais ministre. Jamais, a-t-il répondu à une question de l’animateur Guy A. Lepage au sujet des abus physiques et sexuels, des mauvais traitements et des disparitions qui y ont eu lieu pendant des décennies.

Ces faits ont depuis été largement documentés par la Commission de vérité et réconciliation (nouvelle fenêtre) en 2015, et sont revenus au centre de l’actualité cette année après la découverte de centaines de corps non identifiés près d’anciens pensionnats du pays.

Évidemment, je savais qu'il y avait des pensionnats, d'ailleurs le dernier a été fermé quand j'étais premier ministre, soit en 1997, a souligné l’ancien politicien, invité à l’émission pour discuter de son dernier livre autobiographique : Mes nouvelles histoires.

M. Chrétien, qui a été premier ministre de 1993 à 2003, a ensuite semblé vouloir dresser un parallèle avec les pensionnats des collèges classiques qu’il a fréquentés dans son adolescence pour être admissible à l'université.

M. Chrétien sur le plateau.

L'ancien premier ministre Jean Chrétien a raconté avoir été pensionnaire dans des collèges classiques, un prérequis à l'époque pour l'université.

Photo : Radio-Canada / Karine Dufour

À Shawinigan, on n’avait pas de collège classique, on était obligé d’aller à Trois-Rivières ou à Joliette, a-t-il expliqué. Alors j’en ai mangé des fèves aux lards et du gruau. C’était dur, mais mes parents insistaient pour qu’on aille à l’université et il fallait le faire.

Ces propos ont choqué l’auteur Michel Jean, aussi invité à l’émission juste après l’ancien premier ministre.

Je pense que M. Chrétien, en tout respect, ne réalise pas c’est quoi un pensionnat autochtone, a réagi M. Jean, qui est Innu. Le mot pensionnat fait penser aux gens que c’est une école, on apprend aux gens à écrire, alors que ce n'était pas ça.

Contrairement aux collèges classiques, qui n'étaient qu'un prérequis pour fréquenter l'université, les pensionnats pour Autochtones étaient obligatoires. Durant des décennies, les enfants autochtones partout au pays ont été arrachés à leur famille et forcés de se convertir au christianisme.

Michel Jean, qui était aussi de passage à l’émission pour discuter de son dernier livre, Tiohtiáke, a donné des exemples d’abus que des membres de sa famille y ont subis. Il y a quelqu’un dans ma famille qui est allé au pensionnat de Fort George qui a été agressé sexuellement tous les jours pendant huit ans par une religieuse.

Ça s’appelle un pensionnat, mais ce n'était pas une école.

M. Jean sur le plateau.

L'auteur innu Michel Jean a été choqué par les propos de M. Chrétien sur les pensionnats pour Autochtones.

Photo : Radio-Canada / Karine Dufour

Des excuses déconseillées

Dans son livre, Jean Chrétien raconte également avoir déconseillé à la reine d’Angleterre de s’excuser auprès du peuple maori de Nouvelle-Zélande pour le sort que leur a réservé l’administration coloniale britannique.

Il lui aurait dit : Votre Majesté, si vous commencez je serai obligé de vous faire venir au Canada et, comme nous avons plusieurs centaines de communautés autochtones, vous serez à genoux pendant au moins deux ans.

Questionné sur cet épisode, M. Chrétien a soutenu que les excuses, c’est bon qu’on en fasse, mais il y a une chose qui est importante, c’est l’avenir.

On ne peut pas réécrire l’histoire, a poursuivi l’homme d’État aujourd'hui âgé de 87 ans. C’est un problème extrêmement difficile.

J’ai même adopté un fils indien, pour donner l’exemple, a-t-il ajouté, en précisant qu'il s'agissait d'une idée de sa femme, Aline, qui lui faisait remarquer que les Canadiens adoptaient des enfants de partout dans le monde, mais jamais de jeune indien mâle.

Ça prouve mon attachement à ce problème-là, mais c'est très difficile. Et ce qui est important, c'est de s'assurer qu'ils ont un avenir.

M. Chrétien a ensuite souligné les progrès qui ont été faits, notamment en éducation, dans les dernières décennies.

La valeur de l’expérience

Dans son livre, M. Chrétien soutient que, si le premier ministre Justin Trudeau et son équipe aspirent à être des réformistes à grande échelle, leur manque d’expérience pour atteindre cette cible est de plus en plus apparent.

Sur le plateau de Tout le monde en parle, il a dit se baser sur son expérience personnelle et la valeur qu’il a trouvée chez des collègues plus expérimentés.

Quand je suis arrivé au parlement, très rapidement M. Pearson m’avait pris comme son secrétaire parlementaire ensuite il m’a envoyé au ministère des Finances, s’est-il remémoré.

Il m’a dit : ''va-t’en au ministère des Finances avec Mitchell Sharp'', qui avait été sous-ministre, homme d’affaires. Il m’a dit : ''là tu vas apprendre.'' Et Mitchell Sharp est devenu mon mentor.

Ce dernier l’a aussi conseillé bénévolement pendant une décennie lorsqu’il est devenu premier ministre, a-t-il raconté.

L’expérience de M. Pearson, plus l’expérience de M. Sharp, ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui.

Sur les relations tendues entre le Canada et la Chine (nouvelle fenêtre), M. Chrétien s’est montré pragmatique.

La Chine est devenue une puissance énorme. Elle va rejoindre éventuellement les Américains et les dépasser. On n’aime pas leur régime, mais ils sont là.

Il faut garder un dialogue avec eux parce que les économies du monde sont interreliées. Et puis la chicane ça mène nulle part, faut essayer d’avoir les meilleurs rapports possibles, a-t-il ajouté.

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