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La Banque du Canada donne un autre tour de vis et hausse le taux directeur à 3,75 %

Prêts hypothécaires à taux variable, lignes de crédit, taux des prêts automobiles : vous devrez puiser davantage dans votre portefeuille à compter d'aujourd’hui.

Le siège social de la Banque du Canada.

La Banque du Canada a annoncé une sixième hausse de son taux directeur cette année.

Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick

Radio-Canada

La Banque du Canada annonce une sixième hausse de suite du taux directeur, de 0,50 point de pourcentage, pour l’amener à 3,75 %.

La banque centrale du pays tente depuis des mois de calmer l’inflation et de la ramener à l'intérieur d'une fourchette annuelle de 1 % à 3 %.

L’inflation reste élevée et généralisée dans le monde entier, indique la Banque du Canada (BDC). La vigueur de la reprise mondiale après la pandémie, les perturbations mondiales des approvisionnements et les prix élevés des produits de base – en particulier l’énergie – expliquent cette hausse.

Les mesures de resserrement monétaire prises pour maîtriser l’inflation pèsent aussi sur l’activité économique à travers le monde. L’inflation devrait baisser avec le ralentissement des économies et avec l’atténuation des perturbations de l’approvisionnement, précise la banque centrale.

En entrevue à RDI, l’économiste Daniel Denis a rappelé que ces hausses étaient attendues.

On s’attendait à ce que la Banque arrive à 4 % autour du printemps, précise-t-il.

Toutefois, l’économiste se veut rassurant.

C’est peut-être une mince consolation, [mais] les augmentations de taux sont plus derrière nous que devant nous.

Une citation de Daniel Denis, économiste

Aujourd’hui, beaucoup de gens s’attendaient à une hausse de 0,75 % et la Banque a augmenté de 0,50 %, fait-il remarquer. Je pense que la Banque commence à être sensible à l’impact de sa politique.

Entrevue avec Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada.

Pas une récession majeure

Même s'il a évoqué d'autres hausses probables des taux d'intérêt, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, a reconnu un ralentissement significatif de l'économie tout en assurant que ce ne sera pas une contraction majeure [...], pas une récession majeure, lors d'une entrevue sur ICI RDI.

Le grand responsable de la politique monétaire canadienne a justifié les mesures instaurées par la BDC en arguant que, sans action, les Canadiens vont souffrir encore plus.

Toutefois, selon les prévisions économiques mentionnées lors de l'entrevue, les objectifs de retour à la stabilité des prix restent encore loin d'être atteints. M. Macklem anticipe une diminution de 3 % de l’inflation seulement vers la fin de l’année prochaine.

Nous sommes loin de notre cible de 2 %, a-t-il prévenu en entrevue avec l'animateur Gérald Fillion.

Tiff Macklem en conférence de presse.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Avant de travailler à la Banque du Canada, M. Macklem a été sous-ministre délégué des Finances et assumait les fonctions de représentant du Canada auprès du G7 et du G20. Si le contexte international peut accentuer la pression sur l'économie canadienne, a-t-il ajouté en entrevue, le redressement de l'inflation domestique doit être géré par le Canada lui-même.

Vers un ralentissement de la croissance mondiale?

La Banque brosse un tableau global de l’état des économies du monde en disant estimer que la croissance de l’économie américaine devrait être près de zéro durant la majeure partie de l’année prochaine. Les marchés du travail demeurent sous tension, même si les conditions financières restrictives freinent l’activité économique.

En raison du ralentissement de la demande internationale, on s’attend à ce que la croissance stagne jusqu’à la fin de cette année et durant la première moitié de 2023, à mesure que les effets des taux d’intérêt plus élevés se propageront au sein de l’économie.

La Banque prévoit un ralentissement de la croissance du PIB, qui devrait passer à près de 1 % l’année prochaine et à 2 % en 2024.

Au Canada, l’économie demeure en situation de demande excédentaire et les marchés du travail restent également tendus, note la Banque.

La demande de biens et de services dépasse encore la capacité de l’économie à y répondre et exerce ainsi une pression à la hausse sur l’inflation au pays. Les entreprises font encore état de pénuries de main-d’œuvre généralisées et, depuis la réouverture complète de l’économie, la forte demande a entraîné une flambée des prix des services, peut-on lire.

Les effets de la série de hausses du taux directeur commencent à se faire sentir dans différents secteurs, notamment celui du marché du logement. Celui-ci enregistre un recul marqué, tandis que les dépenses des ménages et des entreprises sont en train de se modérer.

En Europe, on devrait assister à une contraction dans les prochains mois, surtout à cause des pénuries aiguës d’énergie.

L’économie semble s’être redressée en Chine après les récents confinements destinés à contenir la pandémie, mais les problèmes avec lesquels le marché immobilier est aux prises continueront de peser sur la croissance, relève la Banque du Canada, qui prévoit un ralentissement de la croissance mondiale. Elle passera de 3 % en 2022 à environ 1,5 % en 2023 avant de remonter à quelque 2,5 % en 2024.

Un client dans le rayon des viandes dans une épicerie.

La hausse des prix des aliments se poursuit.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

L’indice des prix à la consommation a montré un léger repli au cours des derniers mois. Alors que l’inflation sur une base annuelle avait bondi de 8,1 % en juin, elle s’est établie à 7,6 % en juillet, à 7 % en août et à 6,9 % en septembre.

C’est le prix des aliments vendus en magasin qui a tiré l’inflation vers le haut en septembre. Sur un an, leur prix a bondi de 11,4 %, du jamais-vu en plus de 40 ans.

Cette situation a convaincu le Bureau de la concurrence de lancer lundi une étude sur les hausses de prix dans l’industrie de l’alimentation.

Un employé place des légumes dans un réfigérateur.

Le prix des aliments en magasin a bondi de 10,8 % en août par rapport à la même période il y a un an, selon Statistique Canada.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Dans un discours prononcé au début d’octobre devant la Chambre de commerce d'Halifax, le gouverneur de la Banque du Canada, Tiff Macklem, avait averti que d’autres hausses de taux d’intérêt seraient nécessaires pour juguler l’inflation.

Le gouverneur affirmait en rétrospective que la banque centrale avait fait preuve d’un trop grand optimisme en disant que la forte inflation serait probablement passagère.

Des gens regardent la devanture d'une maison en vente.

Les problèmes avec lesquels le marché immobilier est aux prises continueront de peser sur la croissance, relève la Banque du Canada.

Photo : Bloomberg/Daniel Acker

Une récession probable?

Lors d’un témoignage devant le comité sénatorial des banques, du commerce et de l’économie, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, a affirmé le 20 octobre qu’une récession mondiale était probable et qu’il serait difficile pour le Canada d’éviter un ralentissement économique similaire.

La vice-première ministre du Canada et ministre des Finances Chrystia Freeland a reconnu la semaine dernière que l'économie allait ralentir au cours des prochains mois.

Dans une étude économique publiée lundi, Desjardins écrit que l’économie canadienne continue de montrer des signes de faiblesse. Comme la Banque du Canada devrait relever son taux directeur de 100 points de base d’ici la fin de l’année pour contrôler l’inflation encore très élevée, les secteurs sensibles aux taux d’intérêt risquent de continuer à freiner la croissance du PIB réel, indique l’économiste en chef de Desjardins, Jimmy Jean.

Si Desjardins prévoit une croissance du PIB réel du Canada de 3,2 % cette année, la coopérative estime que l’économie canadienne fera du surplace en 2023.

Jimmy Jean et son équipe prévoient que le taux directeur de la Banque du Canada s’établira à 4,25 % à la fin de l’année.

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