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Assassin’s Creed Mirage : la Ville ronde de Bagdad, comme si vous y étiez

Les jeux vidéo de la série Assassin’s Creed d’Ubisoft sont reconnus pour leur justesse historique. Le nouvel opus, qui paraîtra le 5 octobre, n’y fait pas exception.

Un homme perché regarde vers une vaste ville, comprenant plusieurs coupoles.

Le nouvel Assassin’s Creed se déroule en plein âge d’or de l’Islam, en l’an 861, dans la Ville ronde de Bagdad en Irak.

Photo : Ubisoft

Dans Mirage, les joueuses et les joueuses peuvent sillonner (et piller) les marchés, les hammams et les mosquées d’une reconstitution de la Ville ronde de Bagdad au 9e siècle, grâce, entre autres, aux efforts d’un historien.

Le défi était grand pour le spécialiste du Moyen-Orient Raphaël Weyland, arrivé dans l’équipe d’Ubisoft Montréal il y a tout juste un an et demi. Il n’avait pratiquement rien sur quoi se baser pour aider les développeurs et développeuses à construire le monde ouvert de Mirage.

Bagdad, aujourd’hui, existe encore. Mais le Bagdad du 9e siècle n’existe plus du tout. Il n’en reste rien.

Une citation de Raphaël Weyland, historien d’Ubisoft

La Ville a été détruite par le temps, les invasions mongoles et la modernité, dit-il. On y a construit des boulevards, et remplacé les maisons d’époque par de nouvelles. Un peu comme on a fait ici, dans le Vieux-Montréal.

Et lorsqu’on reconstruit une ville pour un jeu vidéo, il faut aller dans des détails aussi précis que la couleur des vêtements, la démarche des gens ou même la façon de compter (en finissant par le pouce), des questions qu’on se pose rarement comme historien, admet-il.

Retracer l’histoire

Heureusement pour les joueurs et les joueuses, il reste tout de même suffisamment de traces de cette ville irakienne pour en faire une reconstitution crédible dans Mirage.

Raphaël Weyland a notamment puisé certaines informations de paroles de chansons et des biographies d’artistes de chants populaires de Bagdad, dont beaucoup étaient des femmes, note-t-il.

Dans une chanson, par exemple, on décrit comment une telle a réussi à ridiculiser sa rivale, mentionne-t-il, précisant que ces paroles peuvent aider les développeurs et développeuses à imaginer des interactions entre certains personnages.

Mais ce sont surtout les récits de voyageurs et voyageuses qui ont été riches pour l’historien.

Il y a des gens qui, pendant des siècles, se sont rendus [dans la Ville ronde], et ont pu donner un aperçu de ce à quoi ressemblait la ville, ses hammams, ses mosquées, ses harems [...] et même le quartier des vendeurs de poulets, explique-t-il.

Un homme à dos de dromadaire, devant des ruines dans un paysage montagneux.

La Ville ronde était l’une des plus grandes villes du monde. Elle recevait beaucoup de visiteurs et visiteuses, d’après Raphaël Weyland.

Photo : Ubisoft

La Ville ronde était l’un des endroits les plus influents, et dont la culture a été diffusée à travers le monde. Des objets en provenance de Bagdad, récoltés par des marchands vikings, ont même été retrouvés en Irlande, selon l’historien. Les gens s’y parlaient, s'influençaient les uns et les autres, chacun apportant sa pierre, sa sensibilité artistique, ses matériaux, explique-t-il.

Sa puissance était telle que tout le monde voulait être un peu comme les gens de Bagdad. C’était une ville cool.

Une citation de Raphaël Weyland, historien

Une diversité de langues

Dans le jeu, cette multiculturalité s’incarne notamment dans le grand bazar – un lieu qui fait la fierté de l’historien.

Selon lui, dans le Bagdad du 9e siècle, ce n’était pas rare d’entendre les gens de la cour parler deux ou trois langues, même si l’administration de l'Empire fonctionnait en arabe.

Le persan, le grec, l’araméen, ce sont toutes des langues qu’on entend dans le jeu. Et dans le grand bazar, on entend même quelqu’un qui parle l’hébreu, et un autre, le chinois, énumère-t-il.

Ça crée un brouhaha que j’ai entendu durant mes études au Moyen-Orient, qui te plonge vraiment dans le jeu.

Une citation de Raphaël Weyland, historien

Si le grand bazar a nécessité beaucoup de travail, l’ampleur de la recherche pour trouver des noms de chevaux n’est pas à négliger.

Je n’avais jamais étudié ça. J’ai fini par trouver un poème du 8e siècle d’une grande course de chevaux organisée, qui donnait des noms de chevaux. […] Parmi les noms, on a Victorieux et le Boiteux. Il y a une cette idée que si je donne à mon cheval un mauvais nom, il sera performant, souligne l’historien, amusé.

Un homme portant des lunettes prend la pose devant une affiche du personnage de Basim.

L’historien Raphaël Weyland ne fait pas cavalier seul : il s’est entouré de collaborateurs et collaboratrices du monde universitaire et des musées. Ceux-ci ont notamment pu l’aider à avoir un aperçu des styles de céramiques, de poterie, et même de la monnaie utilisée à cette époque.

Photo : Ubisoft

Bien qu’il se spécialise dans le Moyen-Orient, le chercheur s’est tout de même laissé surprendre au fil de ses recherches par l’immensité de l’influence qu’a eu et que continue d’avoir la Ville ronde.

On en trouve encore des traces aujourd’hui, notamment avec le Recueil des Mille et une nuits, des histoires écrites au 9e siècle que je lis aujourd’hui à mon enfant, souligne l’historien.

Dans Assassin’s Creed Mirage, il y a, par ailleurs, une quête secondaire, appelée Les 40 voleurs, inspirée de l’histoire d’Ali Baba – non incluse toutefois dans l'œuvre originale, précise-t-il.

La créativité au service de la jouabilité

Parfois, les recherches ne suffisent pas, et il faut laisser place à la créativité pour combler le plus possible les blancs de la carte du jeu. Lorsqu’on ne sait pas et qu’il n’y a pas de moyens de savoir, on déduit. Une partie de la créativité est là pour la jouabilité [gameplay] et pour la direction artistique, indique l’historien.

La ville a notamment été divisée en plusieurs quartiers, dont le quartier scientifique et commerçant, ce qui n’était pas nécessairement le cas à l’époque.

On a grossi le trait. Mais ça reste qu’on a mis la mosquée au bon endroit.

Une citation de Raphaël Weyland, historien

La couleur des dômes dans le jeu n’est pas historiquement juste non plus, mais elle les rend plus visibles, donc plus utiles pour aider les joueurs et les joueuses à s’orienter sur la carte.

Le temple babylonien Dur-Kurigalzu, qui date de 2000 ans avant Bagdad et qui tient toujours, à 30 km de la capitale irakienne, a également été reconstruit dans Mirage, même si, techniquement, il ne faisait pas partie de la Ville ronde.

Un homme tient un couteau en main, et se cache derrière un mur qui donne sur une ville avec une mosquée.

Les joueurs et les joueuses incarnent le personnage de Basim, un voleur, dans «Assassin's Creed Mirage».

Photo : Ubisoft

C’est un symbole de cette région qui marque le temps qui passe, les gens qui étaient là avant, et nos enfants qui seront là après, justifie Raphaël Weyland.

Contrairement aux récents opus d’Assassin’s Creed, Mirage n’aura pas droit à sa version éducative sans violence du Discovery Tour, utilisée notamment dans les écoles.

L’équipe a plutôt opté pour intégrer des fiches explicatives interactives à même le jeu. Si un joueur ou une joueuse trouve l’ensemble des 66 symboles, une petite récompense est offerte, insiste l’historien.

Assassin’s Creed Mirage sera lancé le 5 octobre sur PC et consoles Xbox One et Series, ainsi que sur PlayStation 4 et 5. Le jeu sera aussi offert en 2024 sur les iPhone 15 Pro et Pro Max.

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