Cybertruck au Salon de l’auto: Commotion autour de la camionnette «courbophobe» de Tesla
Le véhicule suscite autant l’excitation que la consternation
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
Le Cybertruck de Tesla, qui est LA curiosité du Salon de l’auto de Montréal 2024. Tout le monde veut le voir! C’est comme si on avait fait manger des champignons magiques à Pythagore et on lui avait demandé de dessiner un «char» pour illustrer son théorème.
Cette anomalie géométrique aux faces planes ressemble à un diamant. Sa coque d’acier inoxydable poli étincelle sous les néons agressifs du Palais des congrès.
Vous chercherez vainement un air blasé autour de cette étrange camionnette (car c’est un «pick-up» avec une caisse qui se ferme par une sorte de rideau blindé). Les visages des curieux expriment de vives émotions.
Il y a des sourires de surprises et d’amusement, des bouche-bées, des fronts plissés perplexes, voire des grimaces de dégoût.
«Un Transformer!»
Les roues semblent la seule partie ronde de ce bolide.
Les concepteurs ont poussé le zèle «courbophobe» jusqu’à encastrer ces roues dans des alcôves «alvéoliques» semblables à la partie supérieure du logo de Desjardins.
Les rétroviseurs? Ils sont pyramidaux.
Le volant est-il circulaire? Évidemment que non! Il est rectangulaire, bien sûr.
«Elle est aussi laide en vrai qu’en photo!» commente Marc-André Latulippe, 62 ans, de Piedmond.
«On dirait que ça a été dessiné par un enfant», ajoute ce passionné d’automobiles... que la cybercamionnette ne séduit guère.
Un jeune couple venu de Saint-Jean-sur-Richelieu circule, le sourire aux lèvres, autour du cordon de sécurité qui protège l’invraisemblable camionnette électrique (que l’on ne peut pas toucher et dans laquelle on ne peut surtout pas embarquer).
«On dirait un Transformer!» s’amuse Alyssann Paquin.
«Je viens chaque année au Salon de l’auto et je n’ai jamais rien vu de tel! C’est impressionnant: juste l’essuie-glace, c’est gigantesque!», s’exclame Yannick Poirer.
Cet essuie-glace unique semble mesurer deux mètres.
La «secte» Tesla
Une vingtaine de bénévoles vêtus d’un chandail Club Tesla Québec discutent avec les visiteurs. C’est quand même incroyable que les animateurs de ce kiosque consacré à Tesla soient des passionnés ici pour le plaisir... parce qu’ils ont la Foi!
«J’ai acheté une Modèle 3 en octobre dernier et ça a changé ma vie», me confie Elias, un des bénévoles contents de passer sa journée à rencontrer des curieux pour parler du Cybertruck et des Tesla.
«Les gens disent souvent que nous sommes un peu comme une secte!» rigole un des fondateurs du Club Tesla Québec et son actuel vice-président, Mario Langlois.
M. Langlois me jure qu’il ne brûle pas d’encens devant une idole d’Elon Musk à la maison.
Il roule avec son Modèle S acheté 100 000$ il y a onze ans et estime avoir évité de brûler des dizaines de milliers de dollars de carburant.
Révélateur de ce salon où 80% des véhicules sont hybrides ou électriques: d’autres monstres sur quatre roues attirent les curieux, non loin du Cybertruck, les Hummer électriques. Comme quoi la rutilance imposante et le tape-à-l’œil ne disparaîtront pas avec le remplacement du moteur à essence.
