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Marc-André Grenon, « un lâche, un peureux, un pleutre », déclare le juge

Marc-André Grenon regarde droit devant lui.

Marc-André Grenon, 49 ans, écope automatiquement d’une peine de prison à perpétuité.

Photo : Radio-Canada / Shannon Desbiens

Après 30 minutes de délibérations, le jury a tranché : Marc-André Grenon est coupable du meurtre au premier degré de Guylaine Potvin survenu dans son appartement de Jonquière en 2000.

L’homme de 49 ans écope automatiquement d’une peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. Il est aussi reconnu coupable d'avoir agressé sexuellement Guylaine Potvin.

Le verdict est tombé vers 17 h 15, mardi après-midi, après que les 12 jurés se sont entendus unanimement sur les deux chefs d’accusation auxquels faisait face Grenon. Des dizaines de personnes ont assisté au verdict, dont les proches de Guylaine Potvin qui attendaient ce moment depuis 24 ans.

Des membres de la famille n’ont pas pu s’empêcher d’éclater en sanglots après l’annonce des verdicts de culpabilité.

Le juge François Huot a ensuite demandé à Marc-André Grenon s’il avait quelque chose à dire à la famille de la victime, ce à quoi il a répondu non. Le juge s’est alors directement adressé à lui.

Vous êtes un lâche, vous êtes un peureux, vous êtes un pleutre.

Une citation de Le juge François Huot à l'endroit de Marc-André Grenon

Marc-André Grenon subit son procès

Consulter le dossier complet

la façade du palais de justice de Chicoutimi

Je veux que ce soit clair : je n’éprouve que du dégoût et du mépris pour les gestes que vous avez posés le 28 avril 2000. Vous êtes un individu qui est complètement dépourvu de moralité, vous êtes un dépravé sexuel et un assassin, a lancé sans détour le juge François Huot, qui a remercié Dieu que les parents de Guylaine Potvin aient vécu assez longtemps pour être témoins de la sentence infligée au meurtrier de leur fille.

Un dessin du juge François Huot.

Une illustration du juge François Huot qui préside le procès de Marc-André Grenon au palais de justice de Chicoutimi.

Photo : Radio-Canada / Shannon Desbiens

Le juge, toujours sur un ton glacial, a ensuite attaqué le prévenu sur le fait qu’il est demeuré libre pendant 22 ans, sans se rapporter aux policiers. Il a qualifié le meurtre de crapuleux et d’abject.

Vingt-deux ans de liberté injustifiée, c’est 8202 jours entre la commission de votre crime et votre arrestation par la Sûreté du Québec. Quel pitoyable exemple de courage! Comment avez-vous fait pour vivre avec vous-même, Grenon, pendant les 22 dernières années de votre vie? Comment osez-vous encore aujourd’hui soutenir le regard d’autrui?

L'assassin a tenté de parler pendant l’exposé du magistrat, mais ce dernier a coupé court à ses intentions.

Pour sa part, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Pierre-Alexandre Bernard, estime que la décision rendue est synonyme d'espoir pour les personnes à la recherche d'un proche disparu ou assassiné.

Nous espérons aujourd’hui que ce verdict soit porteur d’un message d’espoir pour toute personne impliquée de près ou de loin dans un dossier relatif à la disparition d’un proche.

Une citation de Me Pierre-Alexandre Bernard, procureur aux poursuites criminelles et pénales

Me Bernard a aussi tenu à souligner le courage de la famille de Guylaine Potvin et a remercié les enquêteurs de la Sûreté du Québec pour leurs efforts qui ont permis de résoudre l'affaire.

Nous espérons aujourd’hui que ce verdict puisse mettre un baume sur leurs plaies et les aider à pouvoir évoluer dans ce long processus qu’est le deuil depuis maintenant près de 24 ans.

L'entourage de la disparue s'est adressé aux médias peu de temps après l'annonce du verdict.

des gens assis à une table devant des micros dans un palais de justice

Les parents de Guylaine Potvin réagissent au verdict de culpabilité contre Marc-André Grenon.

Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Brisson

Rappel des faits

Dans la nuit du 27 au 28 avril 2000, Marc-André Grenon est entré chez Guylaine Potvin pendant qu’elle dormait. La porte de l'appartement situé au sous-sol était déverrouillée. Il a attaqué la jeune femme de 19 ans alors qu’elle se trouvait dans son lit et que ses deux colocataires étaient absentes.

Le désordre dans la chambre, les draps sur le plancher et les nombreuses blessures témoignent de la lutte et de la violence qui ont marqué les derniers instants de la vie de la victime. Marc-André Grenon l’a agressée sexuellement et l’a étranglée avec ses mains et une ceinture. C’est la strangulation qui a causé la mort.

La chambre en désordre.

La chambre de Guylaine Potvin photographiée le 28 avril 2000.

Photo : Sûreté du Québec

C’est la grande amie de Guylaine Potvin, Audrey St-Pierre, qui l’a trouvée le 28 avril. Les deux étudiantes en éducation spécialisée devaient présenter leur travail de session ce matin-là, mais comme Guylaine Potvin ne répondait pas au téléphone, Audrey St-Pierre s’est rendue chez elle. C’est là qu’elle a fait la macabre découverte. Le corps de son amie gisait sur son lit, presque entièrement nu.

Rapidement, les policiers sont arrivés sur les lieux et ils ont constaté qu’ils avaient affaire à une scène de crime.

Un meurtrier inconnu

Différents objets ont été saisis dans la chambre de Guylaine Potvin, dont une ceinture et une boîte de préservatifs à moitié vide sur lesquelles du sang a été retrouvé. Des prélèvements effectués sur le corps de la victime ont aussi permis de détecter la présence d’ADN masculin.

Il aura toutefois fallu 22 ans pour déterminer à qui appartenait le profil génétique.

Les policiers ont suspecté plusieurs individus au fil des ans. Ils ont aussi comparé l’ADN inconnu à celui contenu dans des banques de données, mais ils n’ont pas réussi à obtenir de comparaisons concluantes leur permettant de trouver l’assassin.

La science a permis de relancer l’enquête.

Le projet PatronYme

En 2022, l’enquête piétinait. Le laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale a donc proposé d’inclure le dossier de Guylaine Potvin dans son projet appelé PatronYme.

Pour ce projet, le laboratoire a monté une base de données, pYste, contenant des milliers de profils génétiques publics provenant de sites de généalogie auxquels les gens envoient un échantillon d’ADN pour retrouver leurs ancêtres.

Il faut savoir que seuls les hommes possèdent un chromosome Y qui se transmet d'un père à son fils. Ainsi, tous les hommes d’une lignée paternelle ont le même profil génétique Y. Traditionnellement, le nom de famille se transmet lui aussi d’une génération à l’autre.

Lorsque l’ADN inconnu trouvé chez Guylaine Potvin et sur son corps a été comparé à ceux de la base de données du laboratoire, et Grenon est rapidement apparu comme un patronyme d’intérêt prioritaire.

Le nom de famille a donc été transmis aux enquêteurs. Ceux-ci ont ciblé Marc-André Grenon puisque son nom était déjà apparu au cours de l’enquête.

Concordance d’ADN

Les enquêteurs ont obtenu le droit, en août 2022, de prendre le suspect en filature.

Deux policiers ont alors suivi Marc-André Grenon dans un cinéma de Granby. À la fin du film, ils ont réussi à saisir, à son insu, un gobelet et deux pailles qu’il avait utilisés pendant la projection.

Un verre de boisson gazeuse et des pailles sur une table.

Un verre et deux pailles utilisés par Marc-André Grenon ont été récupérés dans la poubelle d'un cinéma.

Photo : Sûreté du Québec

Des analyses ont permis de déterminer que l’ADN de Grenon correspondait à celui trouvé sur les lieux du crime.

Un mandat d’arrestation a été délivré et c’est le 12 octobre 2022 que Grenon a été arrêté sur son lieu de travail à Granby. De nouvelles analyses sanguines ont confirmé que son profil génétique était le même que celui retrouvé sur la ceinture qui a servi à étrangler Guylaine Potvin, sur son corps et sur une boîte de préservatifs trouvée dans sa chambre.

Long procès

Le procès de Marc-André Grenon s’est ouvert le 15 janvier dernier au palais de justice de Chicoutimi.

Les procureurs de la Couronne, Pierre-Alexandre Bernard et François Godin, ont fait entendre 11 témoins au fil des semaines.

De leur côté, les avocates de Marc-André Grenon, Vanessa Pharand et Karine Poliquin, n’ont pas présenté de défense. Elles ont admis que leur client avait tué Guylaine Potvin, mais souhaitaient qu’il soit reconnu coupable de meurtre au deuxième degré. Elles n’ont toutefois pas réussi à convaincre le jury.

Grenon est aussi accusé de tentative de meurtre et d'agression sexuelle pour des événements survenus dans la région de Québec.

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