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Départ de Jocelyn Thibault: «Les réticents ont une cible dans le dos présentement»



En seulement deux ans et demi, Jocelyn Thibault aura été en mesure de faire avancer le hockey au Québec à un niveau presque jamais vu, assure le président du conseil d’administration de la fédération, Claude Fortin, qui invite les organisations récalcitrantes à un examen de conscience. 

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L’annonce du départ de Jocelyn Thibault de la direction générale de Hockey Québec, jeudi soir, a soulevé une vague de soutien envers l’homme de hockey, mais aussi d’indignation envers certaines organisations régionales qui refusent d’avancer.

À l’interne, M. Fortin ne le cache pas: le départ de Thibault est passé de travers.

«Les réticents ont une cible dans le dos présentement. J’espère qu’il y en a qui vont se remettre en question et se regarder dans le miroir», a-t-il tranché. 

Photo fournie par Hockey Québec

La déception est vive dans les bureaux de Hockey Québec puisque la fédération semblait finalement avoir trouvé celui par qui le changement arriverait.

Lors du processus d’embauche, Hockey Québec avait reçu 127 candidatures pour le poste de directeur général avant de réduire le nombre à cinq, puis de confirmer l’embauche de Thibault qui avait supplanté tous les autres candidats dans les différents tests et entrevues.

Puis son impact avait été immédiat.

«C’est un gars qui était dévoué, ce n’est pas possible. Dès qu’il est entré en poste, il s’est acheté un condo à Montréal pour être près de l’action. Il refusait de retourner chez lui en Estrie parfois la fin de semaine parce qu’il voulait être près du monde.»

Thibault est entré en poste alors que Hockey Québec vivait une importante crise interne alors que la fédération avait dû enclencher un processus de médiation en raison d’un climat qu’on disait toxique au siège social montréalais.

«Il est entré au bureau, a fait le lien avec les employés et a même réussi à négocier une convention collective de cinq ans. Ça démontre que les gens lui ont fait confiance.»

Photo Agence QMI, Toma Iczkovits
Des grands chantiers

Ce qui frustre M. Fortin, c’est qu’un changement réel était en train de s’opérer sous Thibault.

«L’une des grandes forces de Jocelyn, c’était sa relation avec le gouvernement. On a eu à gérer des dossiers chauds et quand il parlait à la ministre, elle écoutait pour vrai. Ça nous servait parce que Jocelyn avait une grande influence.»

Cette influence s’est fait ressentir à différents niveaux et permis de faire avancer des dossiers.

«Par sa notoriété et son pouvoir, il a fait des représentations auprès de Hockey Canada et Scott Salmond pour les sensibiliser sur comment nos joueurs étaient traités. Il était en train de semer des graines un peu partout et faisait partie d’un comité restreint de trois personnes à Hockey Canada», mentionne-t-il, ajoutant qu’il avait des entrées dans différentes fédérations internationales, dont en Finlande et aux États-Unis.

L’irritant du hockey scolaire

M. Fortin cite notamment l’achèvement de l’harmonisation du hockey scolaire, un dossier qui avait été entamé avant lui, mais auquel il a mis le point final.

Et cette réussite a été un autre exemple de la résistance régionale dont Thibault a parlé pour expliquer son départ.

«Ça dérange les régions parce qu’ils ont l’impression de perdre du pouvoir. Ils accusent Hockey Québec et Jocelyn de favoriser le réseau scolaire et de perdre des membres. À nos yeux, un membre au niveau civil ou scolaire, c’est un membre chez nous. Parfois, un peu de compétition, ça te porte à t’améliorer, mais il y en a que ça irrite.»

Ce sont ces «trois ou quatre» branches réfractaires qui auront finalement eu raison de Thibault, se désole Claude Fortin.

«Jocelyn n’aime pas la confrontation. Il veut que tout le monde s’entende. Ça, c’est le côté que Stéphane [Auger, son remplaçant] va amener. Je suis déçu qu’on n’ait pas amené Stéphane avant parce que je pense que si ça avait été le cas, Jocelyn serait encore avec nous.» 

Il avait prévenu

Lorsque Thibault a annoncé son départ, le président du CA de Hockey Québec a pu se remémorer une phrase marquante qu’avait prononcée Thibault lors d’une entrevue tenue dans le cadre du processus d’embauche, en 2021.

«On lui avait demandé comment il réagirait si le conseil d’administration prenait une décision qui ne faisait pas son affaire. Sa réponse avait été: “si c’est quelque chose qui va à l’encontre de mes valeurs, je prends mes affaires et je m’en vais”. Dans ce cas, ce n’est pas à cause du CA mais il a fait exactement ce qu’il avait dit.»

M. Fortin a ensuite conclu notre entretien d’un peu plus de 45 minutes avant la marque ultime de respect, envers Jocelyn Thibault.

«J’ai eu l’occasion de rencontrer Jean Béliveau à l’époque et j’avais tout de suite compris pourquoi tout le monde qui le connaissait bien l’appelait quand même M. Béliveau. Je peux te dire une chose: je connaissais Jocelyn Thibault mais, maintenant, pour moi, c’est M. Thibault.»

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