2004-2005, la saison la plus sombre de la Ligue nationale de hockey contemporaine. Grève des joueurs, puis lock-out des propriétaires, annulation pure et simple de toute la saison et des séries éliminatoires, pas de Coupe Stanley qui sort du coffre.
À l’été 2005, une loterie va déterminer l’ordre de sélection à l’encan amateur : la loterie Sidney Crosby. Le kid de la Nouvelle-Écosse, qui a rempli les arénas de la «Q» depuis deux ans est admissible à devenir la propriété de n’importe laquelle des 30 équipes de la LNH.
Le 22 juillet, le jour dit, la loterie se déroule du 30e choix au tout premier.
Plus la soirée avance plus le suspense augmente. Le Canadien est toujours vivant alors que seulement cinq équipes demeurent en lice pour obtenir le droit de réclamer la plus grosse vedette depuis Mario Lemieux et Wayne Gretzky.
La suite on la connaît. Montréal sort cinquième et Mario Lemieux gagne la loterie. Il réclame Sid the Kid qui sauve les Penguins à Pittsburgh et devient l’empereur du circuit Bettman, un titre que McDavid n’est toujours pas parvenu à lui arracher à ce jour.
Hier le film publicitaire de Bowman sur le thème What If et mettant en vedette un Tom Brady qui aurait choisi le baseball et les Expos de Montréal a fait sensation partout sur la toile.
Ce soir, avec nos modestes budgets, mais notre grande imagination on se demande : que se serait-il passé avec le Canadien si le 22 juillet 2005, Bob Gainey avait gagné la loterie et avait réclamé Sidney Crosby au tout premier rang plutôt que Carey Price au 5e rang total ?!
On peut présumer que Crosby, qui a toujours adoré le Canadien, aurait scorer à son tout premier match en carrière à Montréal, un but qui aurait sans doute changé la défaite de 4-2 en une victoire aux mains des Sénateurs d’Ottawa.
Par la suite on peut présumer que Claude Julien aurait tout tenté pour enseigner les rudiments du bien jouer sans la rondelle au kid, peut-être l’aurait-il même utilisé à l’aile avec Plekanec ou Koivu afin de mieux l’intégrer.
La grogne se serait certainement installée, au point où Bob Gainey aurait remercié Claude pour nommer son ami Guy Carbonneau. Carbo n’aurait fait ni une ni deux et placé Crosby au centre du premier trio, supporté de Mike Ribeiro au centre de la deux, Koivu au centre de la trois et Plekanec au centre de la quatre. Une ligne de centre, disons très acceptable pour ne pas dire remarquable.
Printemps 2006, le Canadien perd devant les Hurricanes de la Caroline au premier tour malgré José Théodore qui n’a finalement pas fait usage de propecia (ndlr : médicament contre la perte de cheveux, considéré à l’époque comme un produit dopant) et qui est demeuré le gardien numéro 1 de l’équipe.
La saison suivante, Crosby est déterminé et réédite des exploits datant de Guy Lafleur. Il amasse 120 points, dont 40 buts, mais le Canadien tombe devant les Sénateurs d’Ottawa au premier tour. Qu’importe, Guy Lafleur aux premières loges déclare «Sidney Crosby va ramener la 25e coupe Stanley à Montréal !»
À l’été 2007, voyant que le capitaine finlandais boude de devoir se ranger derrière Crosby, Bob Gainey échange Saku Koivu pis idéalement pas aux Stars contre Janie Niinima.
La présence de Crosby permet à Gainey de faire bon magasinage lors de l’ouverture du marché des joueurs autonomes. Alex Tanguay accepte un pacte à long terme avec le CH et va épauler Crosby avec un certain Guillaume Latendresse qui, sous les passes savantes de Crosby va enfiler 38 buts lors de la saison 2007-2008.
Au terme de la campagne 2008-2009, le Canadien a participé aux séries lors de chacune des quatre premières saisons de Crosby qui cumule deux championnats des compteurs.
Ribeiro et Théo y sont toujours, Koivu est parti et ce qui s’est avéré être un grand ménage néfaste de Bob Gainey à l’été 2009 alors que Scott Gomez, Mike Cammalleri et Brian Gionta sont arrivés, devient plutôt un été de vérité.
Lors de la saison 2009-2010, la ligne de centre du Canadien est composée de Crosby, Ribeiro, Plekanec et Maxime Lapierre.
À l’aile on retrouve les Latendresse qui en enfile 40 par saison, Tanguay, le jeune Max Pacioretty, Andrei Kostitsyn dans le formol et Mike Cammalleri arrivé comme joueur autonome.
En défense les Markov, Gill, Hamrlik et le jeune Subban mènent la charge, tandis que devant le filet, Théo garde de peine et de misère son poste de numéro 1 devant l’excellence de Jaroslav Halak.
Parlant de statut, Carbo perd son poste suite à une nébuleuse affaire de gestion interne. Bob Gainey a le cœur en miettes et se rabat sur Michel Therrien qui sans Crosby a été remercié un an plus tôt que dans les faits à Pittsburgh.
Au printemps de 2010, contrairement à dans les faits, le Canadien gagne aussi la finale de l’Est contre les Flyers et ce, en 5 petits matchs.
En grande finale de la coupe Stanley, le CH inspiré et survolté bat les Blackhawks de Chicago au terme de la prolongation du 7e match sur un but de Sidney Crosby, qui après le but en or à Vancouver en février score le but du saladier argenté en juin.
Le centenaire du Canadien n’a pas besoin de mettre le logo en vedette faute de vedettes, Sidney Crosby, l’empereur du hockey donne raison à Guy Lafleur et ramène la 25e coupe Stanley à Montréal !
Bob Gainey dédie la 25e coupe Stanley à son ami Guy Carbonneau. Georges Laraque ne la gagne pas avec cette équipe, limogé par Gainey par un matin d’hiver, un des points tournants de la saison.
La campagne suivant la coupe est un désastre avec une blessure importante à Sidney qui lui fait rater les 63 derniers matchs du calendrier.
À l’été 2012, Bob Gainey démissionne à bout de ressources et d’énergie. Le valeureux capitaine devenu D.G. gagnant de la coupe Stanley se retire sous les clameurs.
Non sans avoir ramené Carbo comme adjoint de Michel Therrien derrière le banc.
Arrive le fringant Marc Bergevin, et le reste c’est l’histoire !
Le Canadien connaît une saison remarquable et perd en finale de la coupe Stanley devant la profondeur inouïe et le style hermétique des Kings de Los Angeles.
Nous voici donc en 2015... de bons repêchages ont permis l’ajout de jeunes talents en profondeur notamment un certain Brendan Gallagher.
Le trio Crosby,Latendresse et Tanguay est intacte et impérial.
Ribeiro fait de Pacioretty un marqueur de 45 buts et Plekanec tue les meilleurs centres adverses. La paire Subban-Markov est de feu, Alex Emelin étampe tout ce qui bouge alors que Halak est l’improbable numéro 1.
Le Canadien est de retour pour une troisième finale de la coupe Stanley en 10 ans et va en gagner une deuxième, la 26e de son histoire avec encore une fois Sidney Crosby au cœur de l’énigme face à eux, Jonathan Toews et les Blackhawks s’avouent impuissants et Toews déclare en pleurs «au moins quand je joue avec Sidney pour le Canada je gagne»
La suite est une déclinaison lente, mais certaine. Une déclinaison que tous refusent de voir au Québec avec raison. Le Canadien ressemble depuis une décennie à cette grande équipe des époques lointaines.
En 2023-2024, 18 saisons se sont écoulées depuis la loterie Crosby. Ce dernier cumule un tableau de chasse impressionnant : 1315 matchs, 620 buts et 1632 points. 223 matchs en séries, trois finales de la Coupe Stanley, deux conquêtes du saladier argenté, deux Conn Smythe, cinq Art Ross, deux Maurice Richard et six trophées Hart.
L’équipe du CH est vieillissante. Le mot reconstruction fait échos, mais on ne veut pas échanger Sid the Kid. On l’aime. Son 87 sera hissé dans les hauteurs du Centre Bell, peut-être même avant la fin de sa carrière.
Ce soir, 13 décembre 2023, le Canadien et Sidney Crosby reçoivent Evgeni Malkin et les Penguins de... Kansas City, cette ville qui a reçu l’équipe de Mario Lemieux à bras ouverts lorsque celui-ci a été incapable de construire un nouvel édifice pour remplacer le très vétuste Mellon Arena de Pittsburgh.
Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais il manquait aux Penguins un empereur, un vrai, pour seconder Evgeni Malkin, Kris Letang et un certain Carey Price entre les poteaux.