Jean-Guy Talbot est décédé

Jean-Guy Talbot est décédé.

La Mauricie a perdu l’un de ses ambassadeurs sportifs. Membre de la plus grande dynastie de l’histoire des Canadiens de Montréal à la fin des années 50 et vainqueur à 7 reprises de la Coupe Stanley, Jean-Guy Talbot a rendu l’âme. Il avait 91 ans.


Jean-Guy Talbot est décédé jeudi soir au CHAUR, où il était hospitalisé depuis plusieurs jours.

Né à Cap-de-la-Madeleine en juillet 1932, M. Talbot se sera imposé comme l’un des meilleurs hockeyeurs de l’histoire de la région. Ses statistiques ne mentent pas: plus de 1000 parties jouées dans la Ligue nationale de hockey et autant de minutes de pénalités, lui dont la tâche consistait notamment à défendre les joyaux du Tricolore qu’étaient Maurice Richard, son frère Henri ou encore Jean Béliveau.

Reconnu pour son style physique et ses relances efficaces en contre-attaque, le Madelinois ne possédait peut-être pas l’aura de ces grandes vedettes auxquelles on peut ajouter le gardien Jacques Plante, il n’en reste pas moins que sa présence dans le vestiaire et sur la glace fut indispensable aux succès des Canadiens durant cette glorieuse période.

Il était également le principal boute-en-train du groupe. Ses plus grandes victimes? Le Rocket et l’entraîneur-chef Toe Blake.

«Toe avait l’habitude de déposer son chapeau sur une tablette et lorsque j’arrivais au Forum, je m’empressais de donner un coup de poing sur le chapeau pour le renfoncer», relatait Talbot, en entrevue au Journal de Montréal il y a quelques années.

«Blake se doutait bien que j’étais le coupable. Mais l’équipe gagnait souvent et il ne disait rien.»

Oui, cette équipe gagnait très souvent. Et le jeune Talbot de l’époque a été gâté, en s’intégrant à une bande de joueurs talentueux qui allaient marquer à jamais l’histoire de la LNH.

Sa biographie sur le site web des Canadiens relate qu’il a appris le métier aux côtés des Doug Harvey et Tom Johnson, avant de lui-même endosser le rôle de grand frère auprès des Jacques Laperrière, Jean-Claude Tremblay, Terry Harper, Ted Harris et compagnie.

En 1967 prenait fin cette longue association avec le Tricolore, alors que les North Stars du Minnesota le sélectionnaient au repêchage d’expansion de la LNH. C’était le début d’une séquence intense en frais de déménagements pour le clan Talbot: entre 1967 et 1971, la famille aura déménagé au Minnesota, puis à Detroit, St. Louis et Buffalo!

Jean-Guy Talbot est ensuite devenu entraîneur, d’abord à Denver dans la Western Hockey League, puis dans la LNH, puis avec les Blues de St. Louis et les Rangers de New York pendant environ trois saisons complètes.

Shawinigan, Trois-Rivières, Montréal

Avant de joindre les rangs du CH vers sa mi-vingtaine en 1955, Jean-Guy Talbot a comblé les partisans de Trois-Rivières en enfilant l’uniforme des Reds. Il a aussi joué pour les Cataractes de Shawinigan-Falls et les célèbres As de Québec, en même temps que Jean Béliveau.

Les Reds disputaient leurs parties locales au Colisée de Trois-Rivières du parc de l’Exposition. Des décennies plus tard, le vieil édifice a été rebaptisé en l’honneur de Jean-Guy Talbot, après la démolition de l’aréna qui portait son nom dans le secteur Cap-de-la-Madeleine.

La condamnation de l’aréna du Cap avait affecté l’ex-hockeyeur, mais lors du changement de nom du vieux Colisée, il se disait en paix avec ce destin. «J’ai joué dans le vieux Colisée à ma dernière année junior», rappelait M. Talbot avec justesse, lors d’un entretien avec Le Nouvelliste à l’été 2020.

«À l’époque, on l’appelait le nouveau Colisée, il venait juste d’ouvrir et on partait de l’aréna Laviolette, sur la rue Ste-Cécile, pour aller dans cette nouvelle bâtisse!»

Jean-Guy Talbot fut reconnaissant pendant toute son après-carrière des hommages qui lui ont été rendus. Il était l’un des survivants de la dynastie des Canadiens de la fin des années 50: il a donc vu plusieurs de ses anciens coéquipiers partir avant lui.

En 2012, il a pleuré le départ d’Émile «Butch» Bouchard, un de ses mentors. M. Talbot était aussi l’un des porteurs du cercueil de Jean Béliveau, lors des funérailles du célèbre numéro 4 en décembre 2014. Puis, en 2020, il n’a jamais pu se rendre aux funérailles d’Henri Richard, l’un de ses meilleurs amis. Nous étions alors au début de la pandémie de COVID-19 au Québec.

«Lui et moi, on était deux p’tits haïssables, des joueurs de tours! Ça m’a beaucoup attristé de ne pas pouvoir me déplacer pour ses funérailles», disait Talbot en 2020.

Les dernières années de sa vie ont été plus difficiles. «J’ai passé proche de mourir trois fois, il y a eu des bouts moins drôles», racontait-il lors de ce même entretien. «J’ai des beaux et de bons enfants, de bons amis aussi. On est chanceux.»

Les hommages ont déjà commencé à affluer sur les réseaux sociaux.