Un enseignant tué en France, Macron dénonce « la barbarie du terrorisme islamiste »

Un homme d'origine tchétchène qui était surveillé par les services de sécurité français a poignardé à mort un enseignant dans son ancien lycée.
Photo : AP / Ludovic Marin
Prenez note que cet article publié en 2023 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un homme armé d'un couteau et criant « Allah Akbar », fiché pour radicalisme et faisant l'objet d'une surveillance par le renseignement français, a tué un enseignant et blessé trois personnes dans un collège-lycée à Arras, dans le nord de la France, vendredi matin.
Le gouvernement a placé dans la soirée le territoire en alerte urgence attentat
, la France craignant une importation du conflit entre Israël et le Hamas.
L'assaillant interpellé par la police, Mohammed Mogouchkov, âgé d'une vingtaine d'années, est originaire du Caucase russe, selon des sources policières. Selon l'une d'elles, il est de nationalité russe, arrivé en France en 2008.
L'individu, fiché pour sa dangerosité potentielle pour la sûreté de l'État, était sous la surveillance des services de renseignements français (DGSI) et avait été contrôlé jeudi, a indiqué une source du renseignement.
L'homme était sous écoute et faisait l'objet de surveillances physiques
, depuis cet été
, a précisé la même source, ajoutant que ses conversations téléphoniques n'avaient pas mis en évidence, ces derniers jours, d'éléments permettant d'annoncer un passage à l'acte
.
L'un de ses frères avait été interpellé par le renseignement français en 2019 dans le contexte d'un projet d'attentat déjoué. Il est écroué depuis, en raison de ses aveux, toujours selon la même source.

Le reportage de Tamara Alteresco
Une autre tentative d'attentat déjouée
L'enseignant tué a reçu un coup de couteau à la gorge ainsi que dans le thorax, selon la police.
Le président Emmanuel Macron, s'exprimant dans la cour de l'établissement où l'attaque a eu lieu, a appelé les Français à rester unis
et à faire bloc
face à la barbarie du terrorisme islamiste
.
La première ministre, Élisabeth Borne, a décidé de rehausser la posture Vigipirate au niveau urgence attentat
, le niveau le plus élevé de ce dispositif de sécurité, ont indiqué ses services après une réunion de sécurité, dans la soirée, à l'Élysée autour du président Macron.
Il y a un lien entre ce qu'il s'est passé sans doute au Proche-Orient et le passage à l'acte
de l'assaillant, a par ailleurs déclaré à la télévision le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
En France, il n'y a pas de menace caractérisée, il y a une atmosphère extrêmement négative notamment du fait de l'appel à des passages à l'acte
, a-t-il ajouté.
Parmi les deux blessés figurent un agent de sécurité qui a été atteint de plusieurs coups de couteau et un enseignant. Selon une source proche du dossier, l'agent de sécurité est très gravement blessé
, dans un état critique.
Aucun lycéen n'a été blessé.

Les procureurs antiterroristes ont déclaré qu'ils menaient l'enquête sur l'attaque au lycée Gambetta dans la ville d'Arras.
Photo : AP / Michel Spingler
Emmanuel Macron, qui s'est recueilli devant le corps de l'enseignant tué, a précisé qu'il s'était interposé et qu'il a sans doute sauvé lui-même beaucoup de vies
.
Le chef de l'État a, par ailleurs, précisé qu'une autre tentative d'attentat
, dans une autre région
, avait été déjouée, faisant référence, selon le ministère de l'Intérieur, à l'arrestation pour port d'arme prohibé dans les Yvelines, en région parisienne, d'un homme connu pour radicalisation
à la sortie d'une salle de prière.
L'attaque d'Arras survient trois ans presque jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège en région parisienne, une dizaine de jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.
À l'époque, l'assaillant de 18 ans, un réfugié russe d'origine tchétchène, avait été tué par la police.
Le frère de Mohammed Mogouchkov, âgé de 17 ans, a été arrêté à proximité d'un autre établissement, sans être en possession d'une arme. Plusieurs membres de la famille ont été interpellés pour les besoins de l'enquête.
Un total de huit personnes étaient en garde à vue vendredi soir dans le cadre de l'enquête sur l'attaque, a indiqué une source policière. Le parquet national antiterroriste a annoncé avoir ouvert une enquête.
Un large périmètre de sécurité a été mis en place autour de l'établissement, où les élèves et le personnel ont été confinés.
Mouvement de panique
Un enseignant de philosophie ayant assisté à l'attaque a décrit un mouvement de panique au moment de l'intercours, quand les élèves du collège se sont retrouvés face à un homme armé.
Il a agressé un personnel de la cantine, j'ai voulu descendre pour intervenir, il s'est tourné vers moi, m'a poursuivi et m'a demandé si j'étais professeur d'histoire-géographie
, a-t-il ajouté.
On s'est barricadés, puis la police est arrivée et l'a immobilisé.
Selon lui, la victime est un professeur de français du collège, une information confirmée par la secrétaire générale du SNES-FSU, un syndicat d'enseignants.
Deux autres syndicats ont affirmé que l'assaillant était un ancien élève
.
Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient un jeune homme, pantalon noir et veste grise, se battre avec plusieurs adultes dans la cour de l'établissement, visiblement avec une arme à la main, avant de se diriger vers la porte d'entrée.
Choc et effroi
Effroi
, déflagration
, épouvantable
: des enseignants de français contactés par l'Agence France-Presse se sont dits sous le choc
.
Le gouvernement a demandé de renforcer immédiatement la sécurité de tous les établissements scolaires.
Depuis l'attaque qui a fait 12 morts en janvier 2015 au siège parisien de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, une vague d'attentats djihadistes a fait plus de 260 morts en France.
Ce nouvel épisode violent survient alors que la guerre fait rage en Israël, faisant craindre à la branche exécutive du gouvernement une importation du conflit en France.
Jeudi soir, le président Macron a appelé les Français à rester unis
et a promis d'être impitoyable avec tous les porteurs de haine
. La France a recensé plus d'une centaine d'actes antisémites depuis samedi.