Accuser du retard, ce n’est rien pour effrayer Alexei Popyrin. Le grand négligé a connu une journée de rêve pour se rendre en finale de l’Omnium Banque Nationale. Il affrontera le Russe Andrey Rublev.

Popyrin, 62e mondial, a remporté une demi-finale des plus inattendues, contre Sebastian Korda, 18e. La partie s’est conclue en deux manches de 7-6 et 6-3.

Les eaux se sont séparées devant Korda tout au long du tournoi pour lui permettre d’atteindre le carré d’as. Deux victoires par forfait contre Vasek Pospisil et Casper Ruud lui sont tombées du ciel. Popyrin, lui, aura créé sa propre chance. Frappe par frappe.

Au troisième tour, il a effacé trois balles de match contre Grigor Dimitrov pour demeurer en vie. En quarts, samedi en début d’après-midi, il a surmonté un déficit d’une manche pour se hisser au stade suivant.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Alexei Popyrin

En demi-finale, Sebastian Korda menait 6-5 à la première manche. Il venait de briser l’Australien. Comme il l’a fait depuis le début du tournoi, Popyrin a fait ce qu’il fait de mieux : remonter la pente.

En multipliant les coups droits gagnants, il a blanchi son adversaire en bris d’égalité pour ensuite filer jusqu’à la finale. Vainqueur, Popyrin a levé les bras vers le ciel, l’impression de ne pas y croire. Avant de s’adresser à la foule, il a inscrit sa devise du tournoi dans la caméra : « le travail acharné paie ».

J’ai tellement travaillé au cours de ma carrière, mais je n’ai pas toujours senti que j’ai reçu les bénéfices en conséquence. Ce soir, c’est un bon pas dans cette direction.

Alexei Popyrin

Alexei Popyrin était le joueur le moins bien classé à atteindre la demi-finale depuis Denis Shapovalov, en 2017. En se payant Grigor Dimitrov et Hubert Hurkacz, il accomplissait une première en carrière : vaincre deux joueurs appartenant au top 10 dans le même tournoi. Il explique ses récents succès par sa capacité à garder son sang-froid dans les moments critiques.

« Je tire une grande fierté du fait que je n’abandonne jamais. C’est la chose la plus importante dans mon esprit, a-t-il dévoilé aux médias, après la partie. J’essaie toujours de rester calme. Je me laisse cinq secondes de frustrations, puis je me recentre. »

Le dernier des favoris

Popyrin et Korda peuvent être fiers du spectacle offert aux partisans rassemblés au stade IGA. N’empêche, lorsque ceux-ci achètent des billets pour les phases finales, c’est souvent dans l’espoir de voir des vedettes, et non des joueurs négligés.

En ce sens, Andrey Rublev, cinquième tête de série, est venu sauver la mise. Le Russe a vaincu l’Italien Matteo Arnaldi en deux manches de 6-4 et 6-2. C’est toutefois lui qui avait privé les spectateurs d’une finale avec le favori Jannik Sinner, en l’éliminant en quarts de finale.

« Avec Jannik, je n’avais rien à perdre. La seule manière de le battre est de jouer d’une certaine façon, je n’avais pas le choix. J’avais plus de pression aujourd’hui. J’avais plus de chances de gagner », a analysé Rublev, après sa victoire.

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Andrey Rublev

On ne donnait donc pas cher de la peau d’Arnaldi. Le 46joueur au monde disputait sa première demi-finale en Masters 1000 en carrière. La veille, il participait à son premier quart de finale à ce calibre, écartant le surprenant Kei Nishikori de la compétition.

« La semaine a été difficile avec la pluie, des doubles matchs, le vent, des conditions difficiles tous les jours. Je n’ai pas eu la meilleure récupération. Hier, nous avons fini très tard, je ne me suis pas couché avant 3 ou 4 h du matin », a commenté Arnaldi après la partie.

« Je n’ai pas beaucoup dormi, mais je suis jeune. Ce n’est pas une excuse. Andrey a très bien joué », a-t-il reconnu.

Dans ces circonstances, il n’a pas été surprenant de voir Rublev traverser la première manche sans difficulté. Seule la pluie a pu freiner ses élans en début de deuxième manche, alors que le pointage était égal, à 1-1. Le match a été interrompu pendant un peu plus d’une heure, menant une grande portion des partisans sur place à retraiter vers la maison.

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Andrey Rublev

À la reprise des activités, Rublev a mis quelques échanges avant de se remettre dans le bain, mais lorsque ce fut le cas, Arnaldi n’a eu aucune chance. La rencontre s’est conclue après 1 h 18 min de jeu.

« Après la pluie, quand je suis revenu, je jouais beaucoup mieux. J’étais plus concentré. J’ai pu dicter le point, j’ai pu être plus agressif », considère Rublev.

Le Russe atteint donc sa 26finale dans l’ATP, sa 6e au niveau Masters 1000. Plus tôt cette année, il a remporté le tournoi de Madrid, éliminant le Québécois Félix Auger-Aliassime en finale.

Il affrontera Alexei Popyrin pour une troisième fois en carrière. C’est l’Australien qui avait eu le dessus lors de leur dernière rencontre, à Monte-Carlo. Lors des derniers jours, ils ont eu la chance de s’étudier : ils ont été partenaires d’entraînement, tout juste avant l’ouverture du tournoi. « C’est un joueur incroyable. Je sais que ce ne sera pas facile », a laissé planer Popyrin.

L’anatomie d’une chute

Plus tôt au cours de la journée, le deuxième et le quatrième favori de cette édition, Alexander Zverev et Hubert Hurkacz, ont dû plier bagage.

Zverev s’est d’abord incliné en trois manches de 7-6, 1-6 et 6-4 contre Sebastian Korda.

Quelques minutes après cette défaite surprise, c’était au tour de la quatrième tête de série, Hubert Hurkacz, de tomber. Il s’est incliné en trois manches de 3-6, 7-6 et 7-5.

Cette édition de l’Omnium Banque Nationale n’aura donc pas été l’affaire de vedettes, considérant la chute des quatre favoris principaux. Sans oublier que les deuxième et troisième au classement mondial, Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, manquaient à l’appel, à l’issue d’une finale olympique.