Le député libéral Marc Garneau quitte son siège
Cet élu montréalais a fait connaître sa décision au caucus québécois du Parti libéral du Canada mercredi matin.

L'ancien ministre Marc Garneau a annoncé mercredi à ses collègues du caucus libéral du Québec qu'il démissionne de son poste de député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Prenez note que cet article publié en 2023 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le député libéral et ancien ministre Marc Garneau a annoncé mercredi qu'il a décidé de quitter ses fonctions d'élu dans la circonscription de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount, à Montréal. Tout en insistant sur les raisons familiales qui ont motivé sa décision, il a réitéré son désaccord avec son parti à propos du projet de loi C-13 sur les langues officielles.
M. Garneau a fait l’annonce de son départ en matinée à ses collègues du caucus du Québec. On ne sait pas encore à quel moment sa démission entrera en vigueur.
En Chambre, il a eu droit à une ovation et à des applaudissements de la part de ses collègues, en présence de plusieurs membres de sa famille venus écouter son dernier discours.
Après réflexion et avec un regard vers l’avenir, j’ai décidé de me retirer de mon rôle de député de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount. [...] Mes 14 ans comme député furent magnifiques [...] et j’en garde des souvenirs précieux
, a-t-il déclaré, visiblement ému.
Ceux qui ont des familles savent que la vie politique est très exigeante pour les proches. [...] En automne dernier, j’avais promis à ma famille de quitter la vie politique après avoir déposé en Chambre le rapport final sur l’aide médicale à mourir, ce que j’ai pu faire le 15 février. Compléter cette tâche était de la plus grande importance pour moi.
Sa décision de démissionner survient alors que le projet de loi C-13 sur les langues officielles, auquel M. Garneau s'oppose dans sa forme actuelle, poursuit son cheminement au Parlement. La ministre responsable, Ginette Petitpas Taylor, croit que ce projet de loi sera adopté d'ici l'été.

Marc Garneau à l’aéroport Montréal-Trudeau le lundi 15 juillet 2019.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
« Il faut que je puisse dormir le soir »
Intercepté par les journalistes à son arrivée au caucus national du Parti libéral du Canada (PLC), mercredi après-midi, M. Garneau a affirmé que le projet de loi C-13 n’était pas à l’origine de sa décision de quitter ses fonctions. La décision de mon départ est familiale, c’est la seule raison pour laquelle je quitte
, a-t-il répété.
Il a toutefois souligné avoir suivi ses principes
pour justifier son refus d’appuyer le projet de loi sur les langues officielles, réaffirmant que la référence à la Charte québécoise de la langue française dans le projet de loi à l'étude pourrait créer des complications
.
Dans la vie, quand on est politicien, il faut souvent prendre des décisions, voter d’un côté ou de l’autre. Et la grande majorité du temps, je suis complètement aligné avec mon parti, [...] mais de temps en temps, il peut y avoir des différences
, a dit M. Garneau.
Pour moi, c’était fondamental que je prenne position sur le fait que je ne pense pas que la Charte québécoise de la langue française, qui est la loi 96, devrait être dans un document fédéral, parce que je pense que ça crée des complications. [...] Il faut vivre avec ses principes, il faut que je puisse dormir le soir.
Ses collègues sous le choc
À son arrivée au Parlement mercredi, le lieutenant de Justin Trudeau au Québec, Pablo Rodriguez, a salué un grand homme
qui a donné beaucoup à ses concitoyens [et] au Canada
après une carrière illustre
dans la marine, comme astronaute et comme président de l'ASC.
M. Rodriguez a toutefois refusé de confirmer si la démission de M. Garneau était liée à ses prises de position sur la langue.
La ministre Mélanie Joly – qui lui a succédé aux Affaires étrangères mais qui était précédemment responsable des Langues officielles et qui est à l'origine de la réforme en cours – a pour sa part souligné que la carrière de Marc Garneau a été plus grande qu'un simple dossier.
Je pense aussi que Marc a toujours été un homme très droit, qui défendait ses propres convictions
, a-t-elle ajouté.
D'astronaute à député et à ministre
Élu pour la première fois en 2008 dans Westmount–Ville-Marie, Marc Garneau est devenu en 2015 député de la nouvelle circonscription de Notre-Dame-de-Grâce–Westmount.
En 2012, M. Garneau s'était lancé dans la course à la chefferie du PLC, rendue nécessaire par le départ de Michael Ignatieff. Il s'était finalement rallié à la candidature de Justin Trudeau en cours de route.
M. Garneau a depuis lors servi comme ministre des Transports, de novembre 2015 à janvier 2021, puis comme ministre des Affaires étrangères de janvier 2021 au mois d'octobre de la même année, avant d'être rétrogradé comme député d'arrière-ban au terme des plus récentes élections générales.
On lui avait alors proposé le poste d'ambassadeur du Canada à Paris, une offre qu'il avait poliment refusée.
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Son passage aux Affaires étrangères a été marqué par les efforts diplomatiques qui ont conduit au retour des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor, qui étaient emprisonnés en Chine, et par l'opération d'évacuation de l'Afghanistan après la chute aux mains des talibans.
Aux Transports, il a piloté les dossiers de la voie de contournement de Mégantic, de la Charte des voyageurs aériens et des difficiles remboursements des passagers qui ont annulé leurs vols en raison de la pandémie.

L'animateur Simon Durivage interviewe l'astronaute Marc Garneau au siège de la NASA.
Avant sa carrière politique, M. Garneau a été le premier astronaute canadien à s'être envolé vers l'espace. C'était en 1984. Cet ingénieur de formation a également pris part à des missions spatiales en 1996, puis en 2000. Il cumule au total plus de 677 heures de vol dans l'espace.
D'astronaute, Marc Garneau est devenu en 2001 président de l'Agence spatiale canadienne (ASC), poste qu'il a occupé jusqu'en 2005.
Des projets?
Aujourd'hui, M. Garneau dit ne pas avoir de projet spécifique
, mais cela ne veut pas dire que je vais être complètement à la retraite
.
J’ai grimpé au sommet de toutes les montagnes que j’avais dans ma vie, et maintenant, je vais passer du temps avec ma famille et faire des choses que j’ai peut-être négligées un peu au cours de ma carrière.
Lors de sa mêlée de presse, il s'est même dit « ouvert » à l'idée de remplir un nouveau mandat : J’ai encore un intérêt, ma santé est bonne, mon intellect fonctionne quand même raisonnablement bien, alors s’il y a des occasions où je peux m’impliquer dans quelque chose qui m’intéresse, je vais peut-être le faire.
Avec les informations de La Presse canadienne